Une belle attitude story 02.11.2016 Un jour d’été, lors d’une promenade vers Châtelet, le nom d’un dessert dans une vitrine m’attira : « mille et une feuille« … “Qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?”, me demanda une charmante dame avec un grand sourire tellement chaleureux, c’était agréable… Elle était grande et blonde, une jupe crayon bien coupée lui donnant une belle silhouette. En parlant avec Sylvie, j’ai compris que j’étais face à quelqu’un de spécial. On sentait se dégager d’elle une force, dans sa façon de parler, de se tenir, dans sa passion du métier… J’ai eu envie d’échanger plus longuement avec elle à travers une interview : j’étais curieuse de son concept innovant, de l’histoire de sa boulangerie, mais aussi intéressée par la force de cette femme qui se dégageait naturellement dans son attitude. 1. Parlons un peu du concept de votre boulangerie ? Je vends mon pain par tranche ! Pour que les gens qui consomment peu puissent en profiter sans complexe, et pour que les curieux puissent découvrir plusieurs goûts. 2. Très bonne nouvelle pour les gourmands ! Comment vous est venue cette idée ? Quand je vendais mes pains au marché du boulevard de la Villette, je faisais des gros pains : c’est comme ça que j’avais eu l’habitude de les préparer chez moi, en Normandie. Un jour une dame m’a demandé si je pouvais trancher son pain. Je n’avais pas de couteau, et je suis allé en chercher un juste après : quand elle est repassée, j’ai pu lui proposer le pain tranché. Cela m’a donné l’idée de proposer directement mes pains à la tranche. J’ai commencé à les trancher à la main, et ça a plu ! J’ai ensuite investi dans une trancheuse automatique, et maintenant je peux faire des tranches de 25mm à 190mm : pour satisfaire les goûts de tous mes clients, et surtout pour proposer des tranches adaptées aux différentes recettes, comme les tartines chaudes. Et ça m’a aussi vraiment soulagé par rapport à la coupe au couteau ! 3. Comment avez-vous débuté en boulangerie ? J’ai eu de la chance, j’ai fait mon apprentissage avec des boulangers expérimentés et j’ai beaucoup appris avec eux. A 18 ans, je suis montée sur Paris ; 2 ans plus tard j’étais responsable d’une boulangerie, et je suis ensuite devenue responsable de boulangerie de la maison « Lenôtre ». Je pensais continuer au sein de la maison « Lenôtre », mais la vie m’a menée vers un autre chemin… 4. Et vous vous êtes lancée pour créer votre propre boulangerie. Oui, après quelques boulots en restaurants et en boutiques de fringues, je me sentais un peu perdue, pas vraiment moi-même. J’étais une boulangère, depuis toute jeune, et mon métier me manquait. 5. Vous avez eu des difficultés ? Comme tout le monde je pense. Mon plus gros problème, c’était que je n’étais pas sûre d’être capable de faire tourner une boulangerie toute seule. La fabrication, je connaissais par coeur, mais le côté commercial et la communication, c’était totalement nouveau pour moi. 6. Et la solution est venue… On m’a proposé de faire un stage de vendeuse dans une boulangerie, et à la fin de la journée, je comparais « mon » chiffre d’affaire avec la moyenne habituelle : je n’étais pas si mal ! Ca m’a donné beaucoup de courage… Après tout était plutôt bien parti, jusqu’à ce que je rencontre mon ex-associé. Cette rencontre, je l’avais prise comme la chance du siècle. Et au bout d’un an, il a tout lâché, je me suis retrouvée à la rue avec ma fille, sans rien. C’était vraiment mon plus gros échec, à ce moment j’ai pensé que tout était terminé. 7. Ca a dû être extrêmement dur, comment avez-vous géré ces moments difficiles ? Il faut vraiment s’accrocher pour passer les moments difficiles : savoir ce qu’on a envie de faire, et continuer de se battre pour y arriver. Même si ça peut prendre beaucoup de temps, c’est le seul moyen que je connaisse. Les amis t’aident, et c’est très important, mais au final il n’y a que toi qui peut décider de continuer à avancer. 8. Que diriez-vous à une femme qui souhaite devenir entrepreneuse ? Qu’il ne sert à rien d’attendre la chance : il faut travailler pour se la créer. Les femmes doivent souvent se justifier, plus que les hommes : ne rentre pas là-dedans et garde confiance en toi, sinon tu ne t’en sortiras jamais. 9. Vous avez un style très élégant, différent de l’image du boulanger qu’on pourrait avoir. Merci. Ce n’est pas parce qu’on est boulanger, qu’on n’a pas le droit d’être élégante, si ? (rires) Mes vêtements sont précieux pour moi, je suis incapable de les donner. Je m’habille selon ma morphologie ; par exemple, je sais que la taille basse ce n’est pas mon truc, donc je mets des tailles hautes, qui me correspondent et me font sentir « moi-même ». D’ailleurs je suis contente que la mode revienne à la taille haute. 10. Pour conclure, le moment que vous préférez, ou votre meilleur souvenir ? Quand j’ai signé le contrat de cette boutique, je me suis dit qu’enfin j’avais ma boulangerie dans le 1er arrondissement de Paris. Je peux proposer des produit frais avec des matières de top qualité que j’ai choisi pour mes clients. Je n’avais pas cette liberté auparavant, et je suis vraiment heureuse d’y être arrivé. Et la déco de ma boutique est exactement comme je l’avais imaginée ! 11. Alors on peut dire que votre rêve est devenu réalité ? Tout à fait ^^ Y compris le logo qu’on m’a offert, c’est quelque chose qui m’a vraiment touché ! 12. J’avais remarqué justement : ce logo est superbe ? Après avoir signé le contrat, j’étais partie pour reprendre mon ancien logo sur la nouvelle boutique. Je montrais des idées à mes proches, et finalement je me suis retrouvée avec plein d’avis très différents : je me suis sentie complètement perdue. Mon ami Cyrille Choquer qui travaille chez Kenzo m’a proposé de contacter son ami designer japonais, monsieur Hiroki Hinada, en lui racontant mon histoire. On a échangé par mail, et à la fin, il m’a proposé ce logo, le nom DBM avec 7 blés ! C’était exactement ce que je voulais, ça évoque pour moi des souvenir de mon enfance : ma maman en mettait pour décorer la maison, une tradition pour apporter chance et bonheur… 13. Qu’est ce que la beauté signifie pour vous, et que trouvez-vous « beau » chez une femme ? Son attitude (un sourire mystérieux) ^^ Des Belle Manières : 5 rue de Turbigo, 75001, Paris Facebook page